Mourir, c'est déjà ennuyant; imaginez si personne ne prête attention à votre agonie! Pour mourir dans un grand fracas, le futur décédé devra s'assurer de respecter un certain nombre de règles à géométrie variable qui lui permettront de faire les manchettes des médias québécois. Les résultats sont probants: alors qu'une recrue verra la fin de son existence passer complètement sous le radar médiatique, les vrais maîtres parviennent à se faufiler jusqu'en première page des journaux. Certains ont même droit à des funérailles télévisées ou à des tribunes téléphoniques subséquentes sur les ondes radios. Voici quelques conseils pour une mort médiatique réussie.
-L'élément de surprise est crucial. Se faire frapper par une voiture en plein jour, c'est bof; par contre, se faire frapper par un tracteur de déneigement ou par une calèche du Vieux-Montréal augmentera votre star rating de mort.
-Toujours laisser une photo de vous en train de sourire à vos proches; l'article sur votre mort passera de la page 15 à la page 7 s'il y a une belle photo.
-Avertir un de vos proches qu'il sera la personne-ressource qui parlera aux médias au nom de toute la famille après la tragédie. S'assurer que cette personne a un cellulaire et qu'elle répondra en quote du genre "Il est mort en faisant ce qu'il aimait" ou "On espère que ça fera réfléchir les gens".
-Si meurtre il y a, s'arrangez pour que ce soit par un récidiviste qui a déjà été condamné pour une affaire d'agression sexuelle (encore mieux si c'est contre un mineur) ou d'alcool au volant. Si possible, le meurtrier sera un homme du même village que vous dont les voisins pourront dire "qu'il y avait quelque chose de bizarre chez lui".
-Essayez de ne pas mourir un samedi soir si vous souhaitez faire le front ou le reportage d'ouverture à la télé; les médias détestent les histoires tristes le dimanche matin. L'idéal est jeudi ou un vendredi en début d'après-midi; ça laisse juste assez de temps au journaliste de se retourner de bord, et pas assez au rédacteur en chef pour trouver que la télé a déjà assez couvert l'évènement pour fronter avec ça le lendemain.
-Relier sa mort à un phénomène récent et mal compris est un atout. Une nouvelle connaissance Facebook qui vous assassine ou une overdose d'une drogue récente, comme le crystal meth ou la salvia, feront très bien l'affaire.
-Soyez bénévole pour une organisation charitable quelconque; ça donne d'excellents intervenants aux médias pour le suivi de l'histoire la semaine d'après.
-Laissez passer quelques jours avant que les policiers ne retrouvent votre dépouille; le suspense et les progressions d'une enquête sont comme la farine et le lait dans un bon gâteau. C'est essentiel.
-Emportez trois de vos amis dans la mort avec vous (en coursant en voiture avec un inconnu pendant que vous êtes saoûl par exemple) et vous serez connu du Québec en entier. Les mots tendres envers vous risquent toutefois d'être moins fréquents aprèa ladite tragédie.
Si jamais les milliers de lecteurs de ce blogue ont d'autres suggestions, ne prenez pas la peine de me les envoyer, je ne les prendrai pas en compte.
Allez et mourrez en paix, comme ils disent.
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2 commentaires:
C'est tellement pas correct mais c'est tellement drôle!
je suis d'accord avec la moitié de ce que tu dis.
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